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  • : 沖武館 Okibukan
  • : Mensôre Uchinâ-blog. Un petit blog de présentation de l'île berceau du karate et du kobudô. Ici, je parlerais tout autant des arts de combat d'Okinawa, que de la culture trop méconnue de cette partie du Japon.
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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 18:17
GUSUKU ( 石場所)

Note: en japonais actuel, le nom de "gusuku" est rendu par le sinogramme "城, shiro" qui signifie "château", au sens de "château-fort", comme dans notre moyen-âge. En ce qui concerne Okinawa, ces gusuku, littéralement, "lieux de pierres" avaient aussi une fonction religieuse. La transcription actuelle ne rend pas complètement la fonction.

Les caractéristiques de la période des gusuku et de l'apparition des aji (Seigneurs d'Okinawa)

A l'approche du 12° siècle, le développement de l'élevage, de l'agriculture et du stockage des cultures permirent l'accroissement démographique et c'est à cette époque que commencèrent à apparaître des aji (petits chefs féodaux ). Dans les premiers temps, cette nouvelle catégorie sociale avait pour but de protéger les producteurs agraires. Les temps passant, cette caste forte émergeante finit par imposer sa domination aux autres castes.
D'abord établis parmi les autres individus, les aji, leur suite et leur gens d'armes finirent par se regrouper dans des "places fortes". Ces bâtisses, de simples fortins de bois dans les premiers temps, évoluèrent vers des bâtiments de plus en plus subtils et fortifiés dans le but de soutenir des attaques et des sièges de longue durée. De cette époque, on peut parler de gusuku ou gushiku.
Issus de communautés villageoises, les aji, en avaient les caractéristiques, comme les liens du sang et la rivalité face aux autres communautés, qui dans leur cas, étaient les autres gusuku. Chaque gusuku défendait un territoire plus ou moins important et voyait en son voisin, soit un rival, soit un allié potentiel.

Les gusuku n'avaient pas comme seul but d'abriter une famille guerrière et noble, les gusuku abritaient aussi les "utaki", places sacrées de la religion d'Okinawa.
Finalement, les gusuku situés sur la côte ouest d'Okinawa, et disposant des meilleurs ports, prirent de l'essor avec le développement du commerce outre-mer et plus spécialement grâce au commerce avec la Chine. Des traces de ces relations ont été retrouvées sous la forme de poteries chinoises du type Sueki.
Au nombre des ces gusuku, nous trouvons ceux de Shuri, Urasoe, Yomitan, Nakagusuku, Katsuren, Sashiki et Nakijin. Mais cette liste est loin d'être exhaustive, puisque l'on pouvait compter jusqu'à 200 gusuku.

A l'approche du 12ème siècle, la longue période dite des "amas de coquillages" prit fin, pour laissé la place à celle dite "gusuku-jidai", "ère des gusuku.
Trois éléments distinguent cette période.
- les populations qui vivaient dans des zones côtières commencent à coloniser l'intérieur des terres et à se regrouper en communautés sur des plateaux calcaires,
- ces communautés, développant une économie basée sur l'agriculture et non plus sur les seules chasse et cueillette, commencent à ériger des Utaki, à l'intérieur de leur communauté, lieu de prière pour une bonne récolte,
- c'est le début du commerce outre-mer et l'émergence d'une culture propre, issue de tous les apports reçus via ce commerce outre-mer, pour preuve, la découverte de poteries du style chinois Sueki.


Pour bien comprendre l'apparition des gusuku, il faut prendre en compte l'émergence des aji, seigneurs locaux. Cette période vit l'émergence des relations sur les liens de sang. Au fur et à mesure des progrès de l'agriculture, vint la nécessité de se regrouper pour des travaux d'utilité publique, tels que, l'essartage en vue de futures cultures, les plantations et les moissons… Pour atteindre ce but, les diverses populations devaient avoir recours à l'entre aide, non seulement entre villageois, mais aussi entre communautés villageoises. Le résultat de ces liens conduit à l'émergence de classes dominantes. Ces dirigeants furent connus sous le nom de aji ou anji.

En tant que chefs politiques, les aji levaient des taxes et conduisaient les différents rites et cérémonies religieux. Un commerce prospère finit par se mettre en place, non seulement entre régions de l'île, mais aussi outre-mer, ce qui amena les aji des zones côtières bénéficiant de bons ports à augmenter leur puissance. Parmi ces régions, nous trouvons Urasoe, Yomitan, Nakagusuku, Katsuren, Sashiki et Nakijin.
Bien que de nombreux gusuku se trouve sur Okinawa, l'île principale des Ryûkyû, il en existe sur toutes les îles de l'archipel, de l'archipel de Amami au Nord; à celui de Sakishima au Sud.

De nombreux gusuku gardent des traces de l'ancien royaume de Ryûkyû, comme les remparts et les enceintes de pierres.
Mais plusieurs question restent, quand, par qui et dans quel véritable but furent-ils construits ?

En éclaircissant l'histoire des gusuku, nous parviendrons à connaître l'histoire de l'émmergence des Ryûkyû.

Dans chaque région des Ryûkyû, de petits chefs féodaux rivalisaient pour conquérir le pouvoir. Au fil du temps, trois aji d'Okinawa se démarquèrent des autres et finirent par attirer les autres chefs territoriaux, soit par des alliances, soit par conquêtes.
Ces trois aji finirent par établir des "frontières" séparant Okinawa en trois provinces. Cette période est dite "san-zan jidai", les "trois provinces"

Ces trois aji firent édifier de nombreux gusuku, dans le but d'asseoir leur pouvoir et engager des luttes pour gagner l'hégémonie sur l'île entière et sur les petites îles alentour.
La province du Nord prit le nom de Hokuzan, défendue par le puissant gusuku de Nakijin ; la province du Centre prit le nom de Chûzan, défendue par le gusuku de Urasoe ; la province du Sud prit le nom de Nanzan, défendue par le gusuku de Shimajiri-Ôzato.

Bien sur l'édification de gusuku ne se limita pas à la seule île d'Okinawa. Sur toute l'étendue de l'archipel des Ryûkyû, des îles Amami aux îles Miyako-Yaeyama, on estime leur nombre entre 200 et 300.

Il y a plusieurs types de gusuku, allant de la place forte à la maçonnerie parfaite en passant par les lieux cérémonials ou religieux, souvent situés en plein air.
A l'heure actuelle, le véritable rôle des gusuku, est encore source de débat, car, contrairement à l'idée largement répandue, les gusuku ne furent pas uniquement des places fortifiées. La seule chose que l'on puisse trouver uniformément dans les constructions qui reçoivent ce nom, c'est la présence de murs d'enceintes en pierre.
Ainsi, à Naha, un bâtiment reçoit ce nom de gusuku, bien que sa fonction première ait été de stocker les différents produits résultant du commerce outre-mer, il était aussi, mais en second lieu, utilisé en tant que place militaire.
Il en va de même pour le "iû-gusuku" destiné à entreposer et conserver le sulfure destiné à la Chine, pourtant, des recherches permettent d'affirmer que ce lieu était aussi une place militaire.
D'après ces deux éléments, il semblerait que le terme [gusuku], dans sa prononciation okinawaïenne, réfère à toute structure construite en pierre. Dans l'écriture d'Okinawa, [gusuku], s'écrit [石場所], soit "lieu de pierre". On peut donc estimer que tous les lieux en pierre et dotés d'une enceinte recevaient le nom de [gusuku].

Cependant, le fait est plus complexe, car une étude approfondie démontre que ce seul fait ne peut aider à établir une généralité. Deux théories viennent réfuter ce fait.
La première est celle de "la zone sanctifiée", la deuxième, celle de "la théorie des villages".

D'après la théorie de "la zone sanctifiée", le point commun aux gusuku n'est pas d'être entouré de pierre, mais de comporter des endroits propres aux différents rituels religieux ainsi que des tombes. On pense que, quelle que soit la taille du gusuku, chacun se devait de posséder un lieu sacré dont le but était de servir d'intermédiaire entre le peuple et les dieux.
Suivant cette théorie, la fonction principale d'un gusuku, c'est de pourvoir aux actes religieux, le rôle de place militaire fortifiée n'est que secondaire dans l'édification d'un tel monument. Toujours suivant cette théorie, si d'imposantes places militaires reçoivent le nom de gusuku, c'est quelles possèdent cette "zone sanctifiée".

Suivant "la théorie des villages", les gusuku seraient une résultante du développement de la société agricole. Le peuple d'Okinawa, quittant les zones côtières à la fin de "l'âge des amas de coquillages", trouvèrent et développèrent des moyens de subsistance dans les plaines. Pour des raisons de stratégie et de protection, ils s'installèrent sur des hauteurs. D'abord regroupés en communautés villageoises, les membres des classes dominantes en vinrent à construire des places fortes leur permettant d'asseoir leur autorité et de défendre leur territoire.
Toujours est-il que la question de l'apparition des gusuku, en terme de "lieu de pierre" reste une énigme.

Aujourd'hui, il ne reste que quelques ruines de gusuku, environ 200. Lors des temps anciens ce chiffre était beaucoup plus important, mais les vicissitudes de l'histoire, les rivalités, ont fait que nombre d'entre eux furent détruits.
Les seules ruines que nous pouvons voir sont celles des places fortes les plus puissantes commandées par des aji qui ont laissé leur nom dans l'histoire d'Okinawa.
Des ruines de tous les gusuku, seule celle de Shuri-gusuku, connu sous le nom de Shuri-jô, château de Shuri a donné lieu à une reconstitution. Cette restauration permet de voir et comprendre la richesse et la diversité du niveau de culture atteint par la civilisation d'Okinawa et des Ryûkyû.

© Lionel Lebigot 2008
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commentaires

G
Merci beaucoup pour cet article.<br /> Très intéressant l'histoire et la culture d'Okinawa<br /> goj'
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