Après mes livres sur le karate, je suis en train d'écrire un livre sur le kobudô, voici une partie de l'introduction.
INTRODUCTION
Conjointement au karate, le kobudô fut élaboré à Okinawa, depuis des temps immémoriaux. L’un ne peut aller sans l’autre, la technique d’arme se nourrit de la technique sans arme et
réciproquement.
Il est probable que les premiers hominidés se saisirent d’une branche pour assurer leur prédominance, mais avant cela les techniques de combat devaient certainement n’utiliser que les mains,
pieds, crocs et autres armes naturelles.
Toujours est-il, que rapidement, l’esprit naturellement belliqueux des Hommes leur fit comprendre que l’utilisation d’une arme permettait de faire plus de dégâts avec moins de risques. Au fur et
mesure du temps qui passait, les techniques rudimentaires des premiers se raffinèrent, d’aucuns diraient que de techniques, on passa à l’art. Personnellement, nous ne le pensons pas. Pour ces
premiers hommes, il est vraisemblable que l’on puisse parler d’art, le raffinement étant le reflet de ces temps préhistoriques. Certes, il ne saurait être question de comparer ce qu’il se faisait
en ces temps avec ce qu’il se faisait juste avant l’avènement et le développement des armes à feu, mais le raffinement de chaque âge en faisait un art et chaque innovation le faisait progresser.
Poussant ce raisonnement, on pourrait même dire que, ne concernant que les arts de combat aux armes de kobudô, les gens de ces 1600, étaient plus habiles et artistes que nous ne serions l’être,
nous, vivants dans nos contrées civilisées et pacifiées.
Comme vu plus haut, karate et kobudô vont de pair, pourtant une époque vit sa séparation, d’abord minime, puis s’agrandissant. Jusqu’en 1429, date de l’unification des trois royaumes d’Okinawa et
de certaines de ces îles satellites de l’archipel de Ryûkyû, les seigneurs dirigeants ces royaumes se menaient des guerres perpétuelles. Bien sûr, ces guerriers possédaient et utilisaient des
armes : épées, sabres, lances fabriquées sur place ou importées.
Hashi, seigneur du fief de Sashiki dans le royaume su Sud avait développé le commerce avec le Japon, contrairement aux autres seigneurs d’Okinawa qui avaient plus de liens avec la Chine.
L’importation d’armes japonaises, de meilleures qualités que les armes chinoises, lui permit de conquérir, en 1402, le fief de son voisin, seigneur de Yaese. 5 ans plus tard, le royaume du centre
et son roi, Bunei, tombèrent au cours d’un coup d’état. Fort de cette victoire, qui lui octroyait un lien privilégié avec la Chine des Qing et le florissant commerce allant de pair, il se tourna
vers le royaume du Nord défendu par le puissant château de Nakijin. La conquête de ce royaume, pauvre, mais de loin le plus grand et recouvert d’une inextricable végétation demandait une grande
et minutieuse préparation, ainsi que des moyens importants, ce qui explique que ce n’est qu’en 1416 qu’eut lieu la conquête de Hokuzan. Pour achever son désir de suprématie, il ne lui restait
plus qu’à soumettre le royaume du Sud. Là encore, les préparatifs prirent du temps, non pas en raison de la taille de le province, la plus petite, en fait, mais de sa puissance militaire et des
nombreuses places fortes, et donc d’hommes d’armes, qui la défendait. Finalement, l’unification eut lieu en 1429.
A cette date, on pourrait croire que le nopuveau royaume était pacifié, mais il n’en était rien ; En effet, certaines îles de l’archipel des Ryûkyû n’étaient pas encore sous l’autorité du roi
Hashi, fondateur de la première dynastie Shô. Par exemple, l’île de Ishigaki se révolta sous l’autorité de Oyake Akahachi en 1500. Sur Okinawa même des révoltes se produisirent.
L’autre fait marquant pour le sujet qui nous intéresse, eut lieu en 1507, quand le roi Shô Shin promulgua un édit interdisant le port et la détention d’armes, allant même jusqu’à les faire
rassembler et stocker sous bonne garde. De cette date à l’invasion japonaise des Satsuma, les armes furent donc interdites sauf pour les gardes royaux, les gens d’armes et gardiens de l’ordre «
peichin » n’étant armés que de bô, bâtons de guerre destinés à leurs tâches.
Contrairement à la pensée largement admise, les documents retrouvés dans la préfecture de Kagoshima (ancienne province de Satsuma), les japonais, et pour des raisons de s’aliéner les plus
capables de fomenter une rébellion autorisèrent les nobles à retrouver leurs armes familiales, tout en en interdisant le port en public. Que les Okinawaïens possèdent des armes n’était pas de
nature à inquiéter, l’époque était aux armes à feu d’importation depuis l’Europe et une tentative de révolte aurait été rapidement maîtrisée.
Il en alla ainsi jusqu’à la date de l’incorporation d’Okinawa dans le système préfectoral japonais. Malgré les quelques troubles qu’occasionnèrent cette incorporation, les armes blanches
n’étaient plus un sujet de préoccupation et leur réapparition se fit sans anicroches.
De nos jours, et sous les lois japonaises, le contrôle des armes blanches est sensiblement le même qu’en France.
A la base, l’étude du kobudô commence par l’apprentissage du maniement du bô (bâton) suivi par le sai (matraque de fer à branches), puis le tonfa - tunkwa, dans la langue d’Okinawa – (une arme
dont l’origine est incertaine, certains disent que ce serait un manche de meule à moudre les grains, d’autres que ce serait un instrument pour suspendre une marmite au-dessus d’un feu…)
L‘étude de ces armes de base se termine par le nunchaku (fléau court).
Bien sûr, cet inventaire ne se limite qu’aux armes de base. L’arsenal complet du kobudô en comprend de nombreuses autres. La liste suivante n’est ni exhaustive, ni ordinale.
Kama (faucilles), tinbei (ensemble bouclier/machette ou lance courte), tekkô (poing américain), suruchin (corde lestée), eku (rame), kwa (houe), gifa (épingle à cheveux), sansetsukon/sanchaku
(tri-bâton articulé)…