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  • : 沖武館 Okibukan
  • : Mensôre Uchinâ-blog. Un petit blog de présentation de l'île berceau du karate et du kobudô. Ici, je parlerais tout autant des arts de combat d'Okinawa, que de la culture trop méconnue de cette partie du Japon.
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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 15:02
Dans un combat, il y a toujours des risques de recevoir un coup invalidant. Pour remédier à cela, le karate d'Okinawa a mis au point des techniques visant à conditionner les sections corporelles les plus exposées, mais aussi, et surtout, dans un but offensif, de renforcer les outils de percussion.


Ces conditionnements se doivent d'être progressifs et adaptés à la morphologie de chacun. Adaptations qui respectent l'âge, le sexe, le passé… de chaque pratiquant.

Dans un premier temps, nous verrons le renforcement des zones de blocages, principalement les avant-bras et tibias, mais aussi les cuisses.

En premier lieu, la bonne répétition des kata comme sanchin (kônan, kingai, gôjû ou uechi) et naihanchi (shorin) amène déjà une vascularisation, donc une circulation sanguine qui nourrit les cellules ostéoblastes (qui construit l'os), tout cela doit être associé à une juste respiration.
Cette étape qui peut paraître fastidieuse et sans intérêt est en fait la plus importante. C'est la base qui ne devrait jamais être oubliée.

Ensuite, des exercices d'habituation au contact des zones concernées, par des frottements assez appuyés, avant-bras contre avant-bras, tibias contre voute plantaires.
Ces exercices de frottements ont ceci d'intéressant que les zones visées sont relativement vastes. De plus, le stress sur l'os est suffisant pour que cette ostéoblastie perdure sur une longue période de temps.
Ces façons de faire sont loins d'être inutiles, même pour les pratiquants avancés et amènent à prendre conscience de la contraction et du relâchement à mettre dans ses actions, la rigidité/fluidité, le kô/nan, le kin/gai, le gô/jû.
En cas d'entraînement solitaire, il est possible de se frotter soi-même, un massage appuyé.

Kote-kitae-waza par frottement

Ashi-kitae-waza par frottement


Enfin, viennent les frappes. Ces exercices ne sont pas les plus efficaces pour le renforcement osseux/musculaire si on considère la petite surface frappée, sauf dans les frappes avec le plat de la main. S'ils représentent le côté le plus spectaculaire, ils n'en sont pas moins que le résultat des étapes précédentes. Ces frappes ne sont que le produit fini et ont un autre but, le travail du mental de celui qui reçoit, mais aussi et surtout, de celui qui donne.
Pour le frappeur, il y a un travail vraiment intéressant, c'est la frappe en relâchement, en lourdeur, qui ne sera pas freinée par l'appréhension de l'impact, puisque les surfaces de frappes auront déjà été habituées à cet impact.
En fait, ce travail ne nécessite pas la présence d'un partenaire puisqu'il peut très bien se faire avec un makiwara, voire un mannequin de bois (adapté).

Uchi-kote-kitae-waza

Uchi-ashi-kitae-waza

Une autre façon pour kote-kitae


Gohon kotekitae-waza

Ashi-kitae-waza

Pour le corps entier, il y a aussi des exercices d'entrechoquements essentiellement des coups d'épaules, en avant et en arrière, mais aussi dos contre dos.
Au honbu-dôjô de uechi-ryû de la ville de Futenma, ils utilisent aussi une roue crantée que l'on roule sur le tibia, et le travail des frappes est très souple et relâché, mais dure très longtemps (30 mn par séance).
Au dôjô Kenshikai de Hokama Tetsuhiro de la ville de Nishihara, on doit faire les déplacements de sanchin (gôjû-ryû) en portant des "kâmi", normalement des jarres (mais dans ce cas, toute sorte de poids) et nous frapper les cuisses avec, à chaque prise de position.
Au même dôjô, il y a un makiwara portatif, bâton enrubanné qui sert à se frapper les tibias.
Cet été, au Haebaru-shureikan, dôjô de kônan-ryû, branche dissidente du uechi-ryû, dont le créateur, Itokazu Seiki, revendique un retour à un travail plus proche du uechi-ryû d'origine, Shimabukuro Tsuneo me faisait travailler avec des canettes entourées de ruban adhésif (roulage et frappe), avant de passer aux frappes sur poteau entourée de corde.
Ces deux derniers exemples ne m'étaient "réservés" que parce que j'ai déjà une expérience ancienne.
Mais le plus important avant les frappes, c'est ce travail préparatoire (kata et frottements) associé à une bonne respiration, toujours pour la vascularisation et la circulation sanguine donc alimentation des cellules osseuses, travail progressif qui conduit à une pratique sur le long terme. Les frappes, dans un second temps, ne sont vraiment intéressantes que pour ce relâchement et ce travail du mental.

Suivants les possibilités et désirs de chacun (mais aussi le contrôle du prof.), ces étapes peuvent s'additionner au sein de chaque séance.

Dans un deuxième temps, nous verrons que ce travail de renforcement par les frappes revêt un aspect très intéressant et important.
Dans les frappes, le frappeur doit rechercher le relâchement. Après l'impulsion, le relâchement évite toute contraction nuisible à une prise de vitesse, ce n'est qu'au moment de l'impact que l'on retrouve cette contraction/focalisation.
Se relâcher pour frapper ne peut bien se faire que si les zones d'impact sont suffisament habituées à cet impact. Nous verrons ici le travail de renforcement de ces parties.
Il faut distinguer des zones "de bloc" et des zones "d'articulations", par zones "de bloc" nous entendons, l'os frontal, les coudes, les genoux ; par zones "d'articulations", nous entendons les doigts et les orteils.
Dans les deux cas, un travail de frottement est tout à fait envisageable, ne serait que pour ce travail "dermoblaste" sur la peau et ostéoblaste sur les os.
Pour les zones "de bloc" un travail progressif d'impact est nécessaire, sans oublié que tout le corps doit participer à la force d'impact. "PROGRESSIVITE" est le:mot d'ordre, surtout l'os frontal, qui bien qu'il est le plus épais du squelette humain, puisqu'il protège le cerveau.

Les exercices de renforcement des doigts et orteils visent surtout les tendons et ligaments, ces régions n'étant pas directement pourvues de muscles, mais reliées à ces derniers par des ligaments. Outre le travail des kata ventilateurs (sanchin, tensho et naihanchi) avec alternance des contractions/décontractions, pour une bonne circulation sanguine, un travail de saisie permet de renforcer les muscles qui tendent ou relâchent ces articulations.
Traditionnellement, à Okinawa, on utilise des kâmi, jarres, pour le renforcement des doigts. En fait, la forme de l'objet saisi importe peu. Le plus important, c'est le poids soulevé.
L'exercice d'ouverture/fermeture des mains est un travail intéressant.
Il y a aussi les "pompes" sur les doigts. Là encore, la progressivité est de mise, le poids du corps entier n'est pas nécessaire, suivant les possibilités de chacun.
Vient le travail des frappes, toujours sur cible à résistance progressive.

Pour le renforcement des orteils, "agrippement" du sol pendant les prises de positions des kata ventilateurs. "Agrippement" des orteils au sol et avancées.
Saisie d'un poids quelconque, au dojo shodokan de Higa Seikichi, on soulevait le coin d'un tatami.
Pompes sur les orteils et "pointes", là encore, il n'est pas indispensable de mettre le poids du corps entier dans les premiers temps.
En position de "pompes", il y a un travail d'avancées/recul sur les orteils qui donne de bons résultats.
Enfin, un travail de frappes, toujours sur matériau à résistance progressive est à envisager.


Comme dit le proverbe japonais :
石の上にも三年 (ishi no ue ni mo san nen)

Rendu en français par :
"PATIENCE ET LONGUEUR DE TEMPS, FONT MIEUX QUE FORCE NI QUE RAGE"

© Lionel Lebigot 2009
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commentaires

T
Par seul vrai, vous entendez "originel"? En ce cas, ça pourrait aller dans le sens de l'idée que les frappes ont été institutionnalisées pour impressionner ou pour ne pas montrer le vrai karate, aux pratiquants comme aux spectateurs...<br /> En ce qui concerne les "karatekas vengeurs" :-), je ne crois pas non plus que cela soit général, mais j'ai entendu parler d'un maître okinawaien (j'ai oublié son nom), particulièrement agressif et violent qui utilisait les américains comme plastrons. Mais c'est juste une anecdote, sans doute vraie, mais qu'on ne peut pas généraliser.
Répondre
L
<br /> Par vrai, je sous-entendais plutôt "valable". Mais ce test n'étant pas aussi impressionant que les frappes, n'est plus aussi répandu... même à Okinawa.<br /> <br /> <br />
T
J'ai lu dans un article, de George Mattson je crois, que le travail par chocs est rentré à la mode après guerre pour faire plaisir aux américains qui cherchaient à étaler leur force. Le travail en frappes fortes, notamment pendant sanchin aurait également permis à certains okinawaiens de se "venger" en se défoulant sur les GI :-) Je trouve ce point intéressant. Qu'en pensez-vous?
Répondre
L
<br /> Je ne pourrais pas dire quand les tests par frappes furent institutionnalisés, mais que ce soit pour impressionner lors de démonstrations ne m'ettonerait pas plus que ça. Après tout, ce n'est qu'un<br /> "truc de batteleur qui veut vendre son élixir de longue vie".<br /> Les frappes fortes et lourdes pour se venger ? Peut-être, mais de ce que je connais des Okinawaïens, s'ils ne veulent pas enseigner, ils préfèrent ne rien montrer d'intérressant et laisser les gens<br /> se lasser.<br /> Lors d'un de mes premiers séjour à Okinawa, on m'avait montré le "seul vrai" test de sanchin : la poussée ou traction au niveau de la ceinture pour voir si l'enracinement est bon.<br /> <br /> <br />
E
J'aurais une petite question. Pour le travail de frottement, conbien de temps minimum ? 1 minute , 2 minutes ?
Répondre
L
<br /> Deux minutes minimum, c'est bien, pour un avancé. Pour un débutant, je pense que c'est le seul travail à faire, dans ce cas, il faut que ça dure plus de deux minutes et pour un avancé, c'est le<br /> plus important. Plus grande surface sollicitée, plus de rendement, moins de traumatismes.<br /> <br /> <br />